Maailm est une oecuménopole en construction régit par une organisation sectorielle. Certains sont organisés, d'autres non; Il existe actuellement 1203 secteurs différents sur la planète. Ci-joint se trouve la liste des secteurs identifiés dans le RP.
Secteur fondateur : Il abrite l'Assemblée Sectorielle, la porte stellaire et les vestiges d'un ancien village de l'ère pré-unifiée
Secteur #78 : Direction du Centre Opérationnel pour la Maîtrise des Bataillons et des Actions Tactiques, en sont originaires les soldats du Bataillon n°781
La lumière baissait graduellement. La navette avançait lentement dans une ligne droite continue. Nous étions parti au petit matin et j'avais depuis perdu le compte du temps. Tantôt dehors, tantôt dans les entrailles de Maailm, j'avais la permanente impression que notre étoile ne bougeait pas quand il m'était donné de l'apercevoir. Le rythme des lumières iodées de ce tunnel réservé provoquait en moi une profonde envie de sommeil. Quand je m'assoupissait, nous ressortions en plein jour et je me réveillait à nouveau. Il n'y avait en cela rien de cadencé, ce trajet empêchait tout repos qu'il soit sous la lumière stellaire ou dans la pénombre de tunnels. Mais peu à peu, à chaque nouvelle entrée dans le noir, les iodes se faisaient de moins en moins vivaces. Elles perdaient peu à peu en intensité et le contraste avec l'extérieur ne faisait que croitre. Des heures que nous avancions au même rythme et j'avais perdu toute notion de l'espace et du temps. Chaque secteur se ressemblait, chaque immeuble une copie du précédent. J'ignorais où nous étions. Mon siège était du plus simple apparat mais il restait confortable. A ma droite une grande baie vitrée qui se répétait aussi à ma gauche. Devant moi, à quelques centimètres de mes pieds, la fin de ma cabine. Une cloison noire me cachait du reste de la navette. Le repose tête, englobant partiellement mon crâne m'empêchait de tourner la tête et je ne pouvais voir l'extérieur qu'en détournant le regard de la cloison me faisant face. La sortie se situait derrière moi. A aucun moment il ne m'avait été donné la possibilité d'observer la navette dans son ensemble. J'y étais rentré les yeux bandés jusqu'à ce que l'on m'assoit. Avançant en ligne droite, le reste de la navette m'étais invisible à observer. Etais-je seul ? Impossible de le savoir.
Nous aurions pu faire plusieurs fois le tour de Maailm que je ne l'aurais pas deviné. La ligne que nous empruntions était destinée à l'unique service d'Ytteräng. La était bien la seule chose que je savais. Pas de station, pas de possible ralentissement, rien ne pouvait arriver à mon trajet à part l'ennui. Cette navette était la seule qui circulait sur une ligne entièrement dédiée à son unique service et à me transporter moi, ou plutôt des gens comme moi. Je ne suis plus qu'un numéro. Je suis entrée à Ytteräng il y a 14 cycles. Sous-secteur 569, Bloc J, Bâtiment 2, Etage 48, Couloir 9, prenez à droite en atteignant l'étage pour ce couloir, Cellule A4. Depuis ma condamnation, je logeait dans cette chambre à lit simple, une maigre ouverture plus petite qu'une carte postale vers l'extérieur, une toilette, des livres à ma disposition et selon mon choix, et 2 534 097 compères dans le même secteur que moi. Deux millions, cinq cent trente quatre mille quatre-vingt-dix-sept autres condamnés. C'était la le dernier nombre que j'ai pu apercevoir dans le hall de la cantine de mon bâtiment avant d'être amené à la navette. Il changeait chaque jour, chaque minute même. Variant, d'un matin au soir de la centaine au milliers mais semblant toujours dans une certaine forme de constance. Dans ce secteur logeait l'ensemble des prisonniers de la planète dans des degrés de surveillances variés. Mon cas est des plus particuliers. Peu surveillé, je jouissait même de quelques formes de libertés. L'accès au parc du Chêne par exemple. Seul parc du sous-secteur disposant d'un arbre, un unique arbre. Une cantine convenable, une chambre pour ma petite personne, un confort simple mais reposant.
J'essayait de me rappeler des moments de ces 14 cycles mais le changement des luminosités de la navette m'en empêcha. Après une éternité qui n'aurait pu être qu'une autre minute, nous nous arrêtions. Un instant plus tard, la porte derrière moi s'ouvrit, des pas, irréguliers et très fréquents indiquant au moins 3 individus, suivirent. Avant que je ne puisse voir quoi que ce soit, on m'enleva de mon sens visuel. On libera mes mains et mes pieds du siège avant de me menotter les mains, on me boucha le nez, et on me leva et on me fit sortir; La marche qui suivi fut courte. Je sentis la lumière du jour battre sur mes bras dénudés, nous étions en extérieur. Le calme était proche. Le son des bottes, quelques navettes passant au loin, mais je ne ressentais pas le brouhaha permanent d'un secteur habité. On finit par s'arrêter. On me délia les mains. J'avais mal au poignet, voilà des heures sans doute que je n'avais pas bu les bouger. Je commenças à avoir faim. Quelqu'un arriva derrière moi et me rendit l'odorat, puis la vue.
Devant moi, à quelques mètres, se tenait une structure ronde, tenant sur une esplanade. Un simple cercle creux de métal sur trois, peut être quartes mètres de haut. Un officier de la prison me tendit une tenue à enfiler, une combinaison pressurisée. Ni lui, ni moi, ne prononcions un mot. Je l'enfilais ave la lenteur nécessaire à mes derniers instants de tranquillité sans provoquer chez eux l'agacement. Ma botte droite venait tout juste d'être enfilé que deux hommes s'attelèrent à m'équiper. On me donna un sac à dos, je savais déjà ce qu'il contenait. Ca n'était pas grand chose mais ça n'étais pas rien. Un casque pressurisé me fut proposé, je le mis, on le calibra. Le son devenait désormais plus sourd, j'entendais ma respiration. A ma droite, un énième officier me tendit un bouton relié à un écran. L'heure était désormais à l'Aléatoire. Mon rythme cardiaque explosa. Je compris. Il était l'heure. Le souffle se fit rare. Il m'indiqua le bouton. Je voulu décrocher un mot. Mon dernier sur Maailm. Je ne pu le faire. J'appuyais. L'écran afficha une série de nombre. La porte s'activa. Il me fit signe d'avancer. J'attendis une seconde. Une main me poussa dans le dos. Je marchait. C'est fini. Voilà l'Exil.
"Une armée d'ingénieurs, d'architectes, de mécaniciens, de xénobiologistes, d'administrateurs, de philosophes et d'archéologues avait œuvré à la tâche pendant des décennies. De toutes les constructions humaines, de toutes les merveilles du bâtit sortie des esprits humais qui avaient pu être accomplies en cet astre bien-aimé, le Secteur 625 était de loin mon préféré. Son problème initial, son acte de naissance avait provoqué des débats que l'Assemblée Sectorielle n'avait pas eu depuis des décennies. Et pourtant ils étaient des plus simples. De la vie, de la mort, de l'Humanité et des Autres. La simple mention de la conservation, au détriment de l'Aléatoire de la survie d'une espèce avait plongé la classe politique toute entière dans la tourmente ce qui entraîna l'atrophie même de l'Administration. Pendant près de deux ans, on ne construit aucun secteur, on n'en modifia pas d'autres, on n'effectua aucun grand ouvrage. Maailm toute entière semblait à l'arrêt. L'oecuménopole ne bougeait plus. Figée. Un milliard d'âme suspendu à la langue d'un millier d'orateurs, et à l'index gauche de ce même millier. Ils furent nombreux à se laisser suspendre, comme un pendule, à l'envie de l'aléa, à l'absence de choix. Une décision certes difficile, mais elle enlevait de leurs épaules la responsabilité du vote. Plusieurs fois, la décision finale fut repoussée. Tantôt par un secrétariat ne se jugeant pas prêt à répondre, tantôt par des abstentions trop importantes. A ne pas choisir l'on repoussait l'échéance. Tout un chacun en allait de son avis. Du milliard d'opinions émis il fallait aboutir à une simple traduction. Un simple oui ouvrait la voie à une infinité de possibilités qui dépassait la simple sauvegarde de l'Humanité, enlevait à l'existence de toute espèce son caractère incertain. Un non ferme conservait l'Aléatoire mais entraînait aussi de nécessaires pertes de savoir. Je ne sais toujours dire, tant de temps après, quelle décision aurait été la mienne. Je me satisfait de l'existante. J'aurais vécu dans l'ignorance d'un manque absent le cas contraire.
Lorsque le temps fut venu, le oui l'emporta. Personne ne parla de réussite ou d'échec, peu importe le résultat. Pas même les partisans d'un camp ou de l'autre. Tous semblaient résolus à l'acceptation de l'un des deux sorts possibles. Alors, dès le lendemain, la lente inertie de la machine repris. L'Administration, redémarra sur le rythme qui était sienne. Si j'ai pu parler de merveille ou d'accomplissement, le Secteur 625 n'en est pas vraiment un. Depuis ce jour il est en constante évolution, en permanente expansion. A vouloir saisir l'univers, Maailm s'était donnée une quête que jamais elle n'atteindrait, mais elle alimentait le tout. L'inertie folle de cette paperasse planétaire avait trouvé en cette nouvelle quête une raison d'être qui ne pourrait plus jamais la quitter. Les constructions ne seraient jamais achevés, les explorations ne pouvaient aboutir, le catalogue n'avait pas de fin. Plus qu'une bibliothèque de Babel dont l'idée me paraît finalement d'une signifiance toute relative, plus qu'une Arche de Noé dont l'accomplissement ne se révèle que des plus modestes, plus que le Jardin d'Eden qui n'apparait désormais que comme une création inachevée, la réalisation de cette œuvre, de cette création, de cette merveille qui ne possède pas le vocabulaire suffisant à la qualifier, est le chef d'œuvre en construction de l'Humanité.
Pour l'étranger qui la visite, pour l'espèce qui à la chance d'en être locataire, l'idée que l'on se fait du Paradis prend ici une réalisation concrète. Aujourd'hui déjà, alors que nous n'en sommes finalement qu'aux balbutiements, qu'aux premiers coups de pinceaux, se repérer n'est déjà plus de l'ordre du naturel. Des centaines de niveaux s'étendent sur autant de bâtiments selon un plan d'une sublime simplicité. Chaque niveau d'un quelconque bâtiment correspond à un astre, une planète ou une lune, abritant quelque part une forme de vie. Fusse-t-elle du plus simple apparat unicellulaire à l'œuvre parfaite de la création humaine, tous ont les mêmes dispositions. Certains niveaux ne sont alors que de simples vitrines. A l'inverse, d'autres nécessitent plusieurs jours d'un voyage stellaire les pieds sur terre. Une immersion dans des écosystèmes aussi variés que déroutant, dans les possibilités de l'évolution reproduites à la perfection. Il est de quelques niveaux qui sont encore vide, il en est d'autres que l'on ne cesse d'agrandir. Au centre du Secteur, sur le plus grand niveau, réside le Berceau, la Terre. De tout son navire, Noé n'est ici qu'un niveau mais il en est l'un des plus beaux. Juste au-dessus de lui, arrivant en supériorité pour témoigner de l'accompli, le voyageur arrive en gare. Il arrive à son propre niveau, à celui de cet astre. Au-dessus de lui, le ciel. L'horizon n'est que constructions et niveaux. Il est autant de mondes explorés, juste découverts ou déjà recensés. Mais rien, rien ne saurait recouvrir la réussite de l'Exposition Universelle. Rien ne saurait être construit au dessus de Maailm."